Démonstration au Havre

Quelque chose a changé… la douceur de l’été !


Les instituteurs sont assis en tailleur sur les marches de l’école, bras relâchés sur les genoux, jambes et bras découverts, vêtus de bleu, rose, blanc. Ils sont décontractés. Depuis la rentrée austère, c’est certain, quelque chose a changé…

 

Les enfants sont multicolores. Huit d’entre eux, en ronde, jouent à frapper dans les mains de leurs voisins, trois fois ensemble, puis sautent dans un même élan, s’élancent vers le ciel comme des oisillons prêts pour le grand voyage.

 

Ailleurs, on voit des bras de filles s’élancer, se balancer dans les airs, de pieds de garçons qui courent à une allure impressionnante, sans raison de hâte, juste pour le plaisir de courir, les jambes se délient, toniques, dessinant des cercles dans l’espace. Juste parce que c’est bon de courir. Les corps sont contents d’être ainsi célébrés. On entend les voix piailler et chanter avec des modulations fantaisistes.

 

Même l’adulte qui surveille la cour, d’habitude si lourd et hargneux, semble vouloir sautiller dans ce matin tout frais de juillet.

 

Les effluves d’une chansonnette joyeuse et rythmée venant d’un coin du préau se mêlent à la symphonie.

L’énergie de l’été est bien là !

 

Voici que la cloche, comme à l’accoutumée, a retenti pour annoncer la fin de la récréation. Ceci dans une indifférence la plus totale.

 

La cloche s’exprime une deuxième fois. Elle a beau faire, personne n’y prête attention.

 

Cinq filles soudées par les bras, avancent d’un pas décidé et mordant. Elles arpentent ainsi la cour, fortes d’être ensemble. On dirait qu’elles défilent et défient quiconque d’entraver leur détermination. Bientôt, elles seront presque dix ! Leur énergie se décuple au fur et à mesure du rassemblement.

 

Hier, il y a eu de l’orage, l’eau tombée en trombe est venue calmée l’ardeur du soleil, roi de l’été. Mais la promesse d’une nouvelle belle journée est annoncée par la valse des hirondelles qui dansent haut dans le ciel.

 

Par ce matin délicieusement frais, on peut ressentir alors la douceur et se réjouir du bel équilibre que la nature peut nous offrir dans l’harmonie de l’eau et du feu.

 

Infatigables et solides, trois garçons font tournoyer leurs blousons encombrants dans les airs. Un autre, solitaire, saute sur une seule patte, telle la grue blanche le ferait sur un rocher. Et on rit et on crie, tandis que deux ou trois se sont allongés à l’ombre, tranquilles.

 

Un autre, isolé, semble bouder la tête baissée vers le sol, à moins qu’il ne soit en train de réfléchir à demain ou tout simplement humer les parfums du moment présent.

 

Ah maintenant, c’est une voix d’adulte qui annonce doucement : « On y a les enfants ! »  Le maître agite à nouveau la cloche, qui sait se faire étonnamment gentille et caressante. A cette invitation légère et détendue, les enfants répondent dans le calme et disparaissent peu à peu en files indiennes, les sons s’estompent. Puis c’est le silence dans la cour vide.

 

On entend les oiseaux qui ne répondent pas à la cloche et continuent à chanter, légers et libres. C’est l’été et selon la médecine traditionnelle chinoise et le Tao, cette saison est associée au cœur, au feu ! Prenons garde alors de le protéger en lui apportant, pour son équilibre, les qualités du vol léger et libre de l’oiseau dans la fraîcheur du matin.


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